Agrivoltaïsme : la FNAB se positionne

Le changement climatique fait émerger de nombreux défis. La France a émis des objectifs ambitieux de réduction d’émission de gaz à effet de serre, en souhaitant atteindre la neutralité carbone et diviser par deux la consommation d’énergie finale d’ici 2050.

La filière agrivoltaïque s’est récemment développée autour de trois grands enjeux : la transition énergétique et le besoin de développer les énergies renouvelables ; l’adaptation au changement climatique des productions agricoles ; l’enjeu économique du complément de revenu pour les agriculteurs. 

A l’heure où tous les secteurs doivent faire leur transition, la FNAB se positionne sur l’agrivoltaïsme, en faveur d’une sobriété énergétique et alimentaire. La production électrique renouvelable des années à venir doit pouvoir se substituer à la production d’énergie fossile et ne pas concourir à des modèles toujours plus énergivores.

La FNAB est favorable au développement du photovoltaïque en priorité sur les bâtiments agricoles existants lorsque cela est possible.

La FNAB est défavorable à l’accompagnement du développement de l’agrivoltaïsme tel qui est pratiqué aujourd’hui par les acteurs de la filière, à savoir des projets intensifs, sur grandes surfaces et qui modifient le modèle économique des fermes en faisant primer le chiffre d’affaires issu de la production d’électricité par rapport au chiffre d’affaires issu de l’activité agricole, mettant en péril le maintien d’une activité agricole.

Les enjeux de précarité foncière et de transmission des exploitations sont forts et posent la question de la sécurité foncière des exploitations agricoles qui se lancent dans les projets agrivoltaïques. Forte de l’étude de l’ADEME sur les systèmes photovoltaïques en terrain agricole, la FNAB rappelle que l’agrivoltaïsme est une pratique incertaine par manque de données scientifiques.

L’agrivoltaïsme peut, dans certaines filières, être une solution pour s’adapter au changement climatique mais il n’est cependant pas à opposer à d’autres pratiques agronomiques fondées sur la nature et permettant de créer des conditions de résilience viables pour les fermes.

La FNAB propose une grille d’analyse des projets agrivoltaïques vertueux

  • S’appuyer sur les critères d’attention de l’étude ADEME sur le photovoltaïque en terrain agricole pour caractériser chaque projet et s’assurer de son impact positif à neutre sur la production agricole biologique :
    • Vocation et pérennité du projet : besoin initial de l’agriculteur pour sa production agricole pris en compte, participation au capital du projet, accès à l’information et à un accompagnement, présence d’une zone témoin, quelle anticipation est prévue sur la transmission, quelle anticipation sur le prix du foncier ;
    • Réversibilité du projet : techniquement et juridiquement (contrat et bail) ;
    • Adéquation territoriale : compatibilité avec les filières locales, consultation amont des acteurs locaux ;
    • Impact sur les sols, l’environnement, et les paysages : incidences et évaluation de ces impacts ;
    • Adaptabilité du système :  le projet impacte-t-il la diversité des productions et sur la flexibilité des itinéraires techniques de l’exploitation ?
  • Affiner ces critères d’attention :
    • S’assurer que les projets proposés sont de petite taille (3-5 ha maximum par exploitation), que les panneaux sont adaptés aux types de production, avec une densité de recouvrement qui permet un maintien des rendements agricoles (25% au lieu des 50% actuellement pratiqués, en moyenne) ;
    • Faire la promotion de projets collectifs, de taille raisonnable (c’est-à-dire des projets à taille humaine, suffisamment dispersés dans l’espace pour qu’ils ne constituent pas un énorme projet) inscrits dans un territoire, avec une concertation citoyenne et dont l’énergie produite profite aux territoires avant tout, en privilégiant des collaborations avec des fournisseurs d’énergie coopératifs ;
    • Etudier la dimension économique relative au risque pris par l’exploitation agricole si les parcelles agrivoltaïques ne sont pas efficaces énergétiquement. Et s’assurer que le revenu dégagé par l’exploitant ne soit qu’un complément de revenu, ne remettant pas en cause la qualité agricole de ses parcelles agrivoltaïques ;
  • Assurer un suivi agronomique et de biodiversité sur le long-terme (>10ans) pour les projets agrivoltaïques français.

Contact :

Johanna Manteau, chargée de mission climat – jmanteau@fnab.org