Pour sauver la Bio, le gouvernement doit revenir en arrière !

Paris, 15 mai 2023. En 2017, la Bio avait le vent en poupe, un marché en croissance à deux chiffres et des aides publiques incitatives issues de la politique agricole commune de 2015. Depuis lors, le mantra « la bio doit vivre par le marché » a pris la relève. Le soutien public a été uniquement réorienté vers la conversion, contre l’avis de la profession agricole biologique. Le résultat est là : l’objectif de 15% de bio en 2022 n’a pas été atteint, le marché a ralenti, la conversion est en berne et les premières déconversions apparaissent.

Nous payons des choix politiques faits contre l’avis de la profession agricole biologique

En 2017 le gouvernement supprime le financement de l’aide au maintien en agriculture biologique, considérant que le marché et le soutien à la conversion suffiront à faire la dynamique de croissance de la Bio et l’équilibre des filières. Alors qu’à l’époque la FNAB demande un transfert de fonds maximal entre le pilier 1 et le piler 2 de la PAC pour pouvoir soutenir la conversion ET le maintien, le gouvernement décide d’un transfert de moitié qui oblige à faire des choix et à sacrifier l’aide au maintien. « Dès 2017 on dénonce ce choix de Stéphane Travert, car on savait que l’objectif de 15% des surfaces en bio en 2022 ne serait pas atteint sans une politique publique ambitieuse, mais nous n’avons pas été entendus. » explique Philippe Camburet, président de la FNAB.

A l’inverse des labels alternatifs moins disant sont créés par les pouvoirs publiques avec des politiques fiscales incitatives.

Il est encore temps de sauver la Bio, mais pour cela il faut revenir en arrière !

On connaît les solutions pour sauver la Bio :

  • Maintenir un soutien à l’offre pour éviter les déconversions:
    • Rétablir l’aide au maintien, en augmentant l’éco régime bio à 145 euros contre 110 euros
    • Réserver les paiements pour services environnementaux des agences de l’eau à des mesures de maintien en agriculture biologique
  • Mettre en place une politique de la demande:
    • Doter l’Agence Bio d’un budget de communication de 5 millions d’euros par an jusqu’à la fin du quinquennat pour communiquer auprès des consommateur·rices
    • Introduire 20% de bio en restauration collective avant la fin du quinquennat
  • Gérer la crise:
    • Doter les fermes qui sont dans les filières en difficulté d’une aide de crise. Les besoins sont évalués à 151 millions d’euros pour 2022, avec un risque d’aggravation en 2023[1].
    • Venir rapidement en soutien des coopératives biologiques qui sont en difficulté.

« Nous refusons de terminer ce quinquennat avec une bio en décroissance. Nous croyons en la capacité du gouvernement, et de sa première ministre qui a toujours soutenu la Bio, à reconnaître que de mauvais choix ont été faits. Aujourd’hui tout le monde prône le retour de l’aide au maintien : la Cour des comptes, les consultants du ministère de l’agriculture[2], même les représentants du syndicat majoritaire le demandent dans nos réunions avec le ministère » conclut Philippe Camburet, président de la FNAB.

Contact presse :

Philippe Camburet, président de la FNAB – 06 77 94 85 19

[1] Le CNIEL chiffre les pertes à 59 M€ en 2022, 71 M€ en 2023 pour le lait ; pour les fruits et légumes Interfel chiffre les pertes à 62 M€ en 2022 ; pour le porc la profession chiffre les pertes à 30 M€ par an.

[2] Le cabinet AND international a été mandaté par l’Agence Bio à la demande du ministère pour dresser un état de situation de la crise et de premières pistes de solutions.